COUTELIER BASQUE
ERIC BUREL ETCHEGOIN
100% BASQUE - 100% AUTHENTIQUE
PORTRAIT
Bâton de marche basque et couteau basquo-japonais en main, Eric affûte ses choix et emprunte de nouveaux chemins. Notamment, celui de la qualité de vie.
Il rentre d’un « road trip » de 3000 km en Andalousie. En moto et à l’ancienne, avec des bivouacs et la musique des années 70 dans le casque.
« C’est ma nouvelle vie », confie-t-il.
Il a pris cette décision après la mort de sa maman, Adeline Etchegoin, mais aussi après un grave accident de moto survenu en octobre 2020.
La moto est l’une de ses deux grandes passions. Quant à l’autre, c’est la coutellerie. Eric Burel-Etchegoin, originaire de St Jean le Vieux, habite à Anglet depuis toujours.
Texte de Brigitte Alter
PARCOURS
Travailleur indépendant dans le transport durant 27 ans, il fait la rencontre, par le biais de la moto, d’un coutelier spécialisé dans les couteaux basques. Ce dernier lui propose de venir travailler avec lui. Eric crée alors le site internet Couteau Basque.
« Un jour, il m’a demandé de tenir la boutique. Et de le voir travailler m’a mis la main à la pâte », ou plutôt, à l’acier carbone.
Il travaillera pendant cinq ans dans cet atelier.
Puis, en 2020, tout bascule.
« J’ai perdu ma maman, une étape marquante, et six mois plus tard, j’ai eu un accident de moto. » Un salto avant, avec beaucoup de casse : bassin, hanche, fractures et tassement des lombaires. Après quatre mois en fauteuil roulant, il reconnaît : « J’ai eu une énorme chance. Je me suis entièrement remis. »
Pendant cette période de convalescence, il a eu le temps de beaucoup réfléchir. Finalement, il décide de privilégier la qualité de vie.
« J’ai un enfant de 22 ans. Il faut profiter de la vie, ici et maintenant. »
Et c’est le bâton qu’il crée qui va le remettre en marche.
Texte de Brigitte Alter
LE BATON DE MARCHE
Au départ, Eric était revendeur de makilas en plus d’être coutelier basque. « Certaines personnes ne voulaient pas en acheter car c’est une arme… En écoutant, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire, notamment avec l’engouement pour la randonnée… »
Ainsi, le bâton de marche TALAIA est né.
Il tient son nom du chemin du littoral qui va d’Anglet à Saint Sébastien.
À la fois souple et résistant, le bois de frêne a été utilisé depuis la préhistoire pour la fabrication des outils. Dans l’Antiquité et au Moyen Âge, on l’employait pour fabriquer des manches de lances et de javelots. L’artisan, quant à lui, utilise la technique du bois brûlé, une méthode japonaise datant du XVIIIe siècle. Communément appelée “Yakisugi” ou “Shou-Sugi-Ban”, cette technique consiste à protéger le bois en brûlant sa surface.
En effet, cette méthode octroie au bois plusieurs caractéristiques : une fois brûlé, il devient plus résistant au feu, aux insectes xylophages ainsi qu’aux champignons. De plus, elle est éco-responsable, car elle ne nécessite aucun produit chimique. « C’est mon ami, Dave Bayonne, ébéniste pyromane, qui m’a fait découvrir cette technique. Cela fait également ressortir toutes les nervures du bois. »
Texte de Brigitte Alter
LE BATON BASQUE
À ce jour, trois tailles de bâtons existent : 94 cm (la taille du makila), 104 cm, 114 cm, et bientôt le 124 cm.
« On prend la poignée à pleine main comme un bâton. Il faut vraiment avoir le bras à angle droit. »
La poignée, en bois de frêne également, est marquée de sept bandes représentant les provinces basques. Des TALAIA ont déjà voyagé à Saint-Pierre-et-Miquelon, en Allemagne, en Espagne et en Corse. Le TALAIA est doté de deux bagues en laiton et d’une pointe en acier inoxydable.
« Je me suis inspiré du makila : le pommeau en corne noire, la bague en laiton. Je trouve que c’est un complément parfait. »
Il a même offert au maire d’Anglet un TALAIA avec les armoiries de la ville gravées sur le pommeau en corne et la devise “Ma e Pignada per m’aida” inscrite sur la bague en laiton sous la poignée.
« Mon fils de 22 ans est parti durant trois semaines sur les chemins de Compostelle jusqu’à León. Il m’envoyait une photo de son talaia chaque jour. Le bâton n’a pas bougé, seule la pointe s’est un peu arrondie. »
TALAIA est ainsi devenu un véritable compagnon de route. Par ailleurs, en raison de sa passion pour les véhicules anciens, Eric Burel Etchegoin a acheté une Estafette Renault de 1974 avec les logos et dessins de TALAIA.
Texte de Brigitte Alter
LE COUTEAU BASQUE
« Dans une coutellerie basque, où j’ai beaucoup appris sur moi-même et sur mes capacités, j’avais créé un petit couteau pour glisser dans la poche à briquet du jean. Je me suis inspiré d’un couteau japonais à bout carré : l’higonokami. »
C’est un couteau pliant traditionnel japonais avec un clou dont la lame est maintenue en position ouverte par une lentille (chikiri en japonais) qui s’appuie sur un manche, généralement constitué d’une feuille métallique pliée à la manière d’un rasoir.
« J’adore le Japon. En moto, ils sont parmi les meilleurs, et en coutellerie, n’en parlons pas… Je l’ai créé et je l’ai appelé Baskokami au départ, puis TALAIA. »
Le Baskokami Ttipia est un petit couteau basque de poche en acier inoxydable, avec une longueur totale de 15,5 cm une fois ouvert.
En outre, il est équipé d’un cran d’arrêt de blocage. Pour le déverrouiller, il suffit d’appuyer sur la croix basque découpée sur la lame.
Le manche, quant à lui, est fait de bois et de métal gravé recto-verso d’un motif japonais, comme l’Asanoha, qui représente des étoiles ou des feuilles de chanvre.
Ce motif symbolise la vigueur et la résistance, entre autres.
Texte de Brigitte Alter